mélophile n. m. et adj. (XVIIIe siècle, du gr. melos, “chant” d’où “musique”, et du gr. philein “aimer”).
1° n. m. Personne qui aime la musique avec passion.
2° adj. Qui se caractérise par sa passion de la musique ou sa sensibilité à la musique.
SYN. : mélomane
ANT. : mélophobe

8 occurrences du terme “mélophile” depuis le 18e siècle jusqu’à nos jours :

1
Jean-Baptiste Métoyen, bassoniste et compositeur à la Chapelle royale de Versailles qui vécut à la fin du 18e siècle, utilisait le pseudonyme “mélophile” (source : Guide des Difficultés de rédaction en musique par Marc-André Roberge, Faculté de Musique, Université de Laval).

2
Auteur : Pierre-Louis Ginguené
Titre : “Mélophile à l’homme de lettres chargé de la rédaction des articles de l’Opéra”
Année : 1783, in Mercure de France, reproduit aux Éditions Minkoff en 1984 in Querelle des gluckistes et des piccinnistes ; vol. 2, p. 595-621.

3
Il y eut au 18e siècle une société chorale intitulée “La société mélophile d’Avallon” : des pièces de cuivre furent frappées à son nom en 1787 (référence dans les ouvrages numismatiques : F.10159). Cette société existait encore à la fin du 19e siècle (on a récemment retrouvé un violon portant cette inscription : "F. BARBE - Membre de la Société mélophile d’Avallon - 1892").

4
Auteur : Alexandre Dumas
Titre : “La Dame au collier de velours”
Année : 1850 (Paris, A. Cadot, 2 volumes)
Extrait : “Mais, par exemple, il aimait bien la musique. De temps à autre, sa bouche s'écartait un peu plus sous une pression de volupté mélophile...” (in Chapitre VIII “Le jugement de Pâris”)

5
Auteur : Hans von Bülow
Titre : Lettre à Hans von Bronsart (il est question de Français rencontrés par l'auteur : l'utilisation du terme français est, ici, ironique).
Année : Berlin, 20 août 1859, in "Briefe und Schriften", p.255-256.
Extrait : "Die beiden Leuten find mir desshalb angenehme Gesellschafter, weil sie tross ihrer Melophilie [...] mit mir nicht über musikalischen Trödel zu tratschen anfangen."

6
Auteur : José Bruyr
Titre : “Victor Hugo : mélophobe ou mélophile ?”
Année : 1923, in Victor Hugo et la musique. La Revue musicale, numéro spécial 378.

7
Auteur : Albert Pinto
Titre : “Sur la pellicule”
Année : 13 avril 1986 in La Montagne (page 23)
Extrait : "Les rapports du cinéma et de la musique sont aussi anciens que le cinéma lui-même. [...] Le cinéphile étant peu accoutumé au répertoire cher aux mélomanes et discophiles (ou faut-il dire mélophiles et discomanes ?), n'en a pas moins des oreilles [...]."

8
Auteur : Henri Bonhomme
Titre : “Philosophie des tendresses”
Année : 2000 (source)
Extrait : "[...] au delà de l’œil, de la peinture, il y a la tridimenssionalité du tact sculptural et créateur de formes tridimensionnelles, la technicité de la main chirurgicale ou sculpturale, du gestuel et postural , de la vraie « psycho-sensori-motricité » du stade sensori-moteur de PIAGET ou du mélomane qui a su rester mélophile [...]."

Par ailleurs, il existe un "Cercle Mélophile Hector Berlioz" à Mexico, une collection "Mélophiles" aux Éditions Papillon (Genève), les "Éditions du Mélophile" (Vichy), et même un forum "Mélophile". Enfin, un nouveau magazine, dont le premier numéro paraîtra en 2010, a été baptisé par ses fondateurs "Cinémanes et Mélophiles".

Où l'on constate que le terme “mélophile” désigne systématiquement une institution ou une personne dont les activités ont trait directement à la musique : sa signification ne fait donc aucun doute. Il s'agit là d'une forme élégante, parce qu'hellénisante, du terme "mélomane", - littéralement "qui aime la musique", par opposition à "mélophobe" qui apparaissait encore dans le Larousse Universel de 1923 (Tome II, page 214) ; il est plus que probable que ce terme ait de nombreuses autres occurrences dans la littérature romanesque, journalistique et musicale : une simple recherche permettrait aisément d'en constituer une liste plus complète, témoignant ainsi de l’utilisation commune de ce terme depuis plus de deux siècles dans la langue française, que ce soit comme adjectif ou substantif.

Recherche lexicographique et bibliographique réalisée par Baudime Jam.